2015, la révolte paysanne : les raisons de la colère.

Publié le par Laurent

« Je suis installé depuis 1985, je n'ai jamais connu une crise aussi abominable. Nous travaillons 80 heures par semaine, pour à peine un Smic. Les gens ne comprennent pas forcément cette manière de s'exprimer. Moi, je suis solidaire de ce mouvement. D'autres n'ont pas su dire leur désespoir. Ils ont fini la corde au cou. C'était trop tard.»

« Les retraites ? Mon père, il a travaillé plus de trente ans à la vigne et il touche 680 euros par mois quant à moi je ne sais même pas si j'en aurai une de retraite. Aujourd'hui, je ne peux même pas dire si dans dix ans je serai encore viticulteur.»

Dans toutes les branches de l'agriculture, la situation se détériore. Tout d'abord, la dérégulation de l'économie (la suppression des quotas laitiers qui permettaient de restreindre la production des pays, pour y limiter une trop forte baisse des prix), le ralentissement du marché chinois, ainsi que l'embargo russe mènent à une situation de surproduction et donc de baisse des prix : les prix payés aux producteurs continuent d’être inférieurs aux coûts de production !

Ensuite, la concurrence sauvage, que vit la petite ferme indépendante, l'emmène à fermer ses portes et à laisser place aux nouveaux investisseurs qui ouvrent de gigantesques fermes-usines, sans règles ni lois, où l'on cherche à produire pour le moins cher possible, de la moins bonne qualité possible, dans les pires conditions possibles. La concurrence déloyale des pays comme l'Allemagne, qui n'ont pas les mêmes normes sociales (smic, et cetera) et environnementales, ne laisse pas les agriculteurs français indifférents. Un débat qui rappellent étrangement celui sur les corn laws entre Ricardo et Malthus au 19e siècle.

Pour finir, les charges sociales via les impôts, mais aussi les nouvelles normes juridiques déplorées par Bruxelles, ainsi que la surcharge de "paperasse" que supporte le monde rural, tout cela devient simplement... insoutenable.

« Nous sommes à bout de souffle » lâche un agriculteur.

À lire aussi : 2015, la révolte paysanne : Berlin, la critique libérale.

Publié dans 2015, Histoire économique

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